Sur la route, quelque part entre le Maroc et la Mauritanie, j’ai réalisé à quel point notre premier voyage en van en Afrique aurait pu être un désastre… si nous ne l’avions pas un minimum préparé. Aujourd’hui, avec Manon, on vit à plein temps sur les pistes africaines avec notre van. On a fait des erreurs, on a appris, et on a surtout compris une chose : préparer un premier voyage en van en Afrique, hors des sentiers battus, ça change tout.
Dans cet article, je te partage ce qu’on aurait aimé lire avant de tout plaquer : comment construire un itinéraire réaliste, comment estimer ton budget (sans te mentir), et quelles erreurs éviter pour ne pas transformer ton rêve en galère.
Définir ton style de voyage en van avant de tracer la route
Avant même de regarder une carte, Manon et moi avons pris un carnet et on s’est posé une question simple : “On veut vivre quoi, exactement ?”. Pas où, ni comment. Mais quoi. Et ça change tout.
Demande-toi : tu es plutôt pistes poussiéreuses ou routes bitumées ? Bivouacs sauvages ou campings équipés ? Safari et grands parcs ou immersion totale dans les villages ? Plus tu es honnête avec toi-même, plus ton voyage sera fluide.
Quelques styles de voyage en van qu’on croise souvent sur les routes africaines :
- Aventurier tout-terrain : tu cherches les pistes reculées, les parcs nationaux, les bivouacs sans personne à 50 km à la ronde.
- Découverte tranquille : tu te concentres sur les pays stables, les grands axes, avec des pauses régulières en lodge ou en camping organisé.
- Nomade longue durée : tu vis dans ton van plusieurs mois (ou années), tu prends le temps et ton rythme ressemble plus à une vie “normale” en version mobile.
- Road-trip “première fois” : tu testes l’Afrique en van sur quelques semaines, avec un trajet simple, peu de frontières et un confort rassurant.
Manon et moi, on est quelque part entre l’aventurier tout-terrain et le nomade longue durée. Mais pour un premier voyage, je conseille souvent de commencer plus “soft” : moins de pays, plus de temps, et le droit d’ajuster au fur et à mesure.
Construire un itinéraire réaliste pour un premier voyage en van en Afrique
L’Afrique, ce n’est pas un simple “pays à cocher”, c’est un continent immense, des climats très différents, des frontières parfois imprévisibles. Ton itinéraire doit tenir compte de tout ça, sans t’obliger à courir.
Voici la méthode que nous utilisons pour dessiner nos routes :
- Partir de la météo : évite autant que possible les saisons des pluies les plus intenses et les chaleurs étouffantes si ton van est peu isolé. Par exemple, rouler en van au Sahel en plein avril-mai peut être éprouvant, surtout sans clim.
- Limiter le nombre de pays : chaque frontière, c’est du temps, des visas, parfois des tracasseries administratives. Pour un premier voyage, deux à quatre pays voisins, c’est souvent suffisant.
- Tracer des “grandes lignes” plutôt que des étapes ultra précises : l’Afrique te demandera de t’adapter, que tu le veuilles ou non. Laisse de la place à l’imprévu.
Un exemple d’itinéraire accessible pour un premier voyage en van :
- Maroc – Mauritanie – Sénégal : traversée du Maroc par le sud, franchissement du Sahara occidental, découverte de la côte atlantique mauritanienne puis remontée paisible au Sénégal. C’est l’un des itinéraires les plus classiques pour “goûter” à l’Afrique subsaharienne par la route.
- Namibie – Botswana – Afrique du Sud : idéal si tu loues un van sur place. Grandes pistes, parcs incroyables, infrastructures touristiques plus développées, ambiance safari garantie.
Ce que nous faisons systématiquement avec Manon : on définit une zone (par exemple “Afrique de l’Ouest côtière”) puis on prévoit des “points phares” (un désert, un parc, une ville emblématique) et on relie le tout en privilégiant les routes les plus sûres.
Budget : combien coûte vraiment un voyage en van en Afrique ?
La question qu’on reçoit le plus : “Mais ça coûte combien, au juste, votre vie en van en Afrique ?”. La réponse courte : beaucoup moins qu’une vie en France… mais plus que ce qu’on imagine si on sous-estime certains postes.
Les grandes catégories de dépenses à prévoir :
- Le véhicule : achat, aménagement, assurance, entretien, pièces de rechange.
- Le carburant : ton poste numéro 1 si tu roules beaucoup. Les distances sont grandes et la consommation grimpe sur les pistes.
- Les visas et formalités : certains visas coûtent cher et se paient en espèces aux frontières.
- Les logements payants : campings, lodges, guesthouses pour faire une pause (et une vraie douche chaude).
- La nourriture : courses en supermarché (plus cher), marchés locaux (moins cher), restaurants (très variable).
- Les activités : parcs nationaux, safaris, plongée, excursions.
- Les imprévus : pannes, soins médicaux, bakchichs “incontournables” dans certains cas.
Pour te donner un ordre d’idée, pour un couple en van en Afrique, en mode raisonnable (ni ultra roots, ni grand luxe), on observe souvent une moyenne de :
- 1 200 à 2 000 € par mois en fonction du style de vie, du nombre de kilomètres et des pays traversés.
Notre propre budget avec Manon tourne autour de cette fourchette. On fait beaucoup de bivouacs sauvages, on cuisine presque tout nous-mêmes, mais on se permet des lodges de temps en temps pour souffler.
Quelques astuces qui nous ont sauvé le portefeuille :
- Rouler moins, rester plus longtemps : chaque déplacement coûte du carburant et use le van. En restant plus longtemps au même endroit, tu dépenses moins… et tu vis plus intensément chaque lieu.
- Cuisiner local : acheter au marché, adapter tes recettes avec ce que tu trouves sur place, oublier certains produits importés hors de prix.
- Choisir ses activités “coup de cœur” : tu ne pourras pas faire tous les safaris, tous les parcs, toutes les excursions. On sélectionne nos expériences les plus importantes et on accepte d’en laisser de côté.
Préparer son van pour l’Afrique : le minimum vital
L’Afrique n’est pas forcément l’enfer mécanique que certains imaginent, mais elle ne pardonne pas un véhicule mal entretenu. Avant de partir, notre van est passé plus souvent chez le mécano que chez nos amis.
Les points essentiels à vérifier ou renforcer :
- Suspensions et pneus : les pistes, les nids-de-poule, les routes dégradées mettent ton véhicule à rude épreuve. Des pneus adaptés et en bon état sont non négociables.
- Système électrique : batterie auxiliaire dimensionnée, panneau(x) solaire(s) fiable(s), câblage propre. En Afrique, ta “maison” doit être autonome.
- Gestion de l’eau : réservoirs suffisants, filtre ou système de traitement de l’eau pour éviter les soucis gastriques.
- Pièces de rechange : filtres, courroies, fusibles, ampoules, quelques outils de base. On doit pouvoir gérer les petites pannes soi-même.
Manon a appris à vérifier les niveaux, changer un filtre, réparer une petite fuite. Moi, j’ai appris à ne plus reporter l’entretien “au mois prochain”. En Afrique, la prévention est ton meilleur ami.
Ne pas négliger l’administratif : papiers, visas et assurances
La partie la moins sexy… mais cruciale. Un tampon qui manque, une assurance absente, et ton voyage peut s’arrêter net à une frontière poussiéreuse.
Les indispensables à anticiper :
- Le passeport : valide plusieurs mois après ta date de retour prévue (idéalement au moins 6 mois), avec suffisamment de pages libres.
- Les visas : certains se font à l’avance, d’autres aux frontières. Renseigne-toi pays par pays, car les règles changent souvent.
- La carte grise et les papiers du véhicule : à jour, en ton nom si possible, avec éventuellement une autorisation de sortie de territoire si nécessaire.
- L’assurance santé / rapatriement : oui, ça a un coût, mais une hospitalisation improvisée peut en avoir un bien plus grand.
- L’assurance véhicule : au minimum une responsabilité civile valable dans les pays traversés, parfois complétée par une assurance locale.
On garde toujours des copies papier et numériques de tous nos documents, stockées dans différents endroits du van et dans le cloud. En cas de vol ou de perte, tu te remercieras.
Les erreurs les plus fréquentes pour un premier voyage en van en Afrique
En observant d’autres voyageurs et en repensant à nos débuts, voici les erreurs qui reviennent le plus souvent… et qu’il vaut mieux éviter.
- Vouloir trop en faire : dix pays en trois mois, c’est une collection de visas, pas un voyage. L’Afrique se savoure lentement.
- Sous-estimer les distances : sur la carte, ça a l’air “juste à côté”. En réalité, tu peux passer une journée entière à avancer à 40 km/h sur une route trouée.
- Négliger la sécurité de base : ne pas demander conseil aux locaux, ignorer les recommandations de ne pas rouler de nuit, laisser des objets visibles dans le van… Ce sont souvent les imprudences simples qui créent les problèmes.
- Ne pas respecter la culture locale : photographier sans demander, s’habiller sans aucune considération pour les coutumes, se montrer arrogant… En Afrique, le respect ouvre toutes les portes.
- Partir sans réserve financière : une grosse panne, un problème de santé, une frontière qui ferme… Avoir une marge de sécurité te permet de prendre les bonnes décisions, pas les décisions forcées.
Notre plus grosse erreur au début ? Vouloir “rentabiliser” chaque journée, au lieu de simplement la vivre. Résultat : fatigue, tensions, et l’impression de courir après quelque chose. Aujourd’hui, on préfère s’arrêter quelques jours dans un village, discuter, se poser, plutôt que de cocher un énième spot.
Faire de ce voyage plus qu’un simple road-trip
Préparer ton premier voyage en van en Afrique, ce n’est pas seulement une histoire d’itinéraire, de budget ou de mécanique. C’est aussi, et surtout, une façon de te préparer à vivre autrement.
En quittant notre appartement pour notre van, Manon et moi avons redécouvert ce que signifiait “avoir besoin de peu”. Nos placards sont plus petits, mais nos journées sont infiniment plus grandes. On se réveille avec le soleil, on s’endort en écoutant les bruits de la brousse ou des vagues, et on partage le thé avec des inconnus qui deviennent des amis.
Alors oui, prépare ton voyage sérieusement : trace un itinéraire réaliste, construis un budget honnête, apprends à connaître un minimum ton véhicule, renseigne-toi sur les papiers. Mais garde toujours une place pour ce qui fait la magie de l’Afrique : l’imprévu, la rencontre, le moment où le plan tombe à l’eau… pour laisser la place à quelque chose de plus grand.
Si tu as des questions précises sur un itinéraire, un budget ou la préparation d’un van pour l’Afrique, n’hésite pas à les partager : sur la route, on apprend ensemble.